Ugolaine-Tina des Lions du Duc de Normandie

Un tout petit bout de chien caoutchouc qui se dandine, se trémousse, se contorsionne! Un large sourire de chien fendu jusqu'à ces deux oreilles longues, longues ( merci papi Fantin!). Un tout petit Léo, bien foutu, croquignolet, qui fait tout pour se mettre sur le devant de la scène. Un trop petit Léo qui ne réussit pas à se mettre sur le devant de la scène, écrasée par les deux copines-soeurs. Voilà, l'affaire conclue.

Uxelle, qui n'a pas encore de nom, mais deviendra plus tard Tina, puis Ugolaine-Tina, ne sera pas l'heureuse élue. L'heureuse élue c'est Uppeline. Qu'à celà ne tienne, Uxelle saura prendre  sa revanche et trouver place elle aussi auprès du foyer tant convoité. Voilà que l'été nous ramène pour un séjour éclair de quarante-huit heures la petite Uxelle, officiellement Uxelle.

Difficile de retrouver dans ce petit chiot de quatre mois, tristounet et réservé, la petite cabote qui me faisait des grâces deux mois plus tôt.

Pas le temps de comprendre pourquoi.

Uxelle n'est chez nous qu'en transit entre son éleveur et sa famille d'accueil. Raide et inquiète, elle part, pour toujours, à l'arrière de la voiture dans les bras de mémère Jeannine, à l'avant dans le coeur de pépère Jeannot. La vie va désormais lui sourire. Tous le espoirs sont permis.

Deux soeurs Leonberger, Ugolaine-Tina et Uppeline 

C'est une Uxelle, devenue Tina en cours de route, métamorphosée qui passe nous voir six semaines plus tard. Une vraie petite poupée de luxe! La pauvre hésite à se mêler à cette meute aux pattes frangées de terre par les terrassements quotidiens, aux mèches mal peignées, aux allures rustiques et brutales. Tina est maintenant une jolie petite Léo, pas encore bien grosse malgré la bonne cuisine de sa mémère, mais ragaillardie par presque deux mois de câlins, de chouchouteries en tout genre.

Son poil reluit, elle sent bon, sortant de chez le toiletteur pour l'occasion, a bien grandi . Tina ne reconnaît plus sa famille chien,  hautaine , distinguée, elle n'appartient plus à notre monde et le montre avec ostentation. Tina est heureuse, nous le sommes tous.

Un séjour enchanté à la mer....et puis tout tourne mal. Jeannot est très malade. La vie devient difficile pour eux tous, Tina aussi en souffre. Au cours de l'hiver, Jeannot mourant, le coeur brisé nous confie Tina que Jeannine ne pourra pas garder seule. Il s'éteindra au début du printemps.

Nous accueillons bien sûr Tina, exilée de ses Ardennes brumeuses où ses soeurs et moi sommes allées la chercher, ses deux soeurs, Uppeline et Eugénie, également recueillie quelques mois plus tôt. Pour elle, tout recommence à zéro, c'est bien difficile. Cette première année chaotique l'aura marquée pour toujours.

Merveilleux et brefs moments de bonheur aboslu pour la petite Tina, à la plage de Berck

Au passage, Tina a pris de la particule et est devenue Ugolaine-Tina, double petit clin d'oeil à notre Pagnol national et à notre Jourdaine locale, et souvenir de ses courts mois de bonheur. Bien sûr aujourd'hui, Ugolaine-Tina n'est plus parfumée, ni lavée régulièrement. Finies les visites mensuelles chez le toiletteur. En échange, elle a gagné ce droit inaliénable que devraient avoir les chiens à faire des trous dans le jardin. Et croyez-moi, on ne pouvait pas lui offrir plus grand bonheur que celui-là.

Du matin au soir, quand celà lui est possible, Ugolaine, lors  que tous les autres campent scotchés à la porte d'entrée, reste introuvable.

Ugolaine-Tina arrivée par un temps neigeux de ses brumes ardennaises

Il faut la chercher au pied d'un vieux pommier en pleine chasse à la taupe, dans un talus à l'élargissement d'un terrier de lapin, sous une touffe d'herbe à l'extraction d'un campagnol récalcitrant.

Elle ne semble guère affectée de ses pattes souillèes de terre jusqu'aux articulations, de la boue qui lui macule le museau.

Ugolaine a aujourd'hui retrouvé le bonheur qui semblait devoir disparaître. Un autre bonheur, celui du jeu avec les autres, celui du terrassement et aussi de ces courses endiablées dans notre verger. Je n'ai jamais vu un Leonberg courir aussi vite qu'elle: sa silhouette file comme celle des grands félins de la savane, prête à toute bifurcation. Elle est fascinante.

Ugolaine n'a rien de ces Leonbergs qui fréquentent nos expositions.

Chez elle, rien n'est excessif: elle est remarquablement bâtie, tant dans son arrière-main dont l'angulation ferait bien des envieux qui cachent leurs jarrets droits sous des fourrures un peu trop opulentes pour des Leonbergs, que par la rectitude de sa ligne de dos. C'est pour l'instant, une chienne élégante qui comme ses soeurs ne cessera jamais de s'améliorer. Elle se déplace avec une aisance devenue rare dans notre race, car c'est d'abord et avant tout un chien, un Léo rustique comme l'étaient nos Léos d'autrefois. La très belle Ugolaine, un vrai leonberg comme on les aime

Présentée en exposition, Ugolaine a été remarquée par le juge pour la beauté de sa tête qui respecte les termes du standard: ni trop, ni trop peu de stop, un chanfrein égal en longueur à la profondeur et à la largeur du  crâne. Cette tête typique aux yeux noisette-sombre bordés de velours noir qui marque sa lignée.

Pour Ugolaine, ce nouveau changement n'a pas été bien facile. il lui a fallu faire sa place dans la meute. Elle a retrouvé ses contorsions de sa prime enfance à la quête de câlins à n'en plus finir. Et... elle ne les a plus perdues!!!

Un bonheur  de leonberg se contente de peu, beaucoup de grand air et d'activités et une abondance de très gros câlins En réalité sous ce costume de petit chien attendrissant et timide se dissimule un grand rêve de domination. Bien difficile à assouvir entre une Rosalinde, duègne incorruptible et un Robin à l'autorité qui ne manque pas de muscle ni de croc à l'occasion. Mais, tout doucement, Ugolaine, fait son petit bonhomme de chemin dans ce monde où maintenant elle se sent bien à l'aise, épaulée en celà par la grande soeur ( laquelle n'a d'ailleurs de grande que la taille) qui l'a à son retour prise sous son aile, j'ai nommé la géante Eugénie.

Il a fallu aussi apprendre à conjuguer avec les chats et si aujourd'hui encore, derrière la vitre, Ugolaine est d'une férocité impensable à leur endroit, il m'arrive bien souvent, en direct, de la surprendre en longues séances de léchouilles avec Cosette ou  Agathe, notre petite dernière, qu'elle aurait pourtant bien taillée en pièces il y a quelques semaines. Ugolaine est très intelligente et apprend très vite. C'est bien là la marque de la race!

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Mois et années ont passé, notre Gogolainou est restée toujours aussi sensible. Mais elle s'est révélée, comme on pouvait s'y attendre, une remarquable chienne de travail: pistage et eau sont pour elle de vraies sources d'épanouissement.

 

Alors merci mon Gogolainou pour ce beau cadeau.

Nous espérons t'avoir encore longtemps longtemps à nos côtés car tu es une chienne humble, modeste, mais magnifique et pleine de qualités.

Mais au cours de ces dernières semaines voilà qu'Ugolaine s'est dévoilée une autre. Certes on le soupçonnait très fort, mais la révélation est au delà de tout ce que l'on pouvait penser : l'immense don d'Ugolaine pour la maternité . En ce merveilleux jour de juin 2009, au terme d'une gestation exemplaire et volumineuse, notre Ugolaine se réalise en maman modèle. attentive, soigneuse, affectueuse, c'est une merveille de gentillesse qu'on ne se lasse pas d'admirer .
Et on a failli passer à coté de ça! C'eût été vraiment dommage et pour nous et pour elle mais aussi pour la race car en plus ces bébés Prairial qu'elle vient d'avoir avec le beau Norvégien du nom d'Atka, sont vraiment très beaux, sains, bien dans leur peau et bien dans leur tête.


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