Odile des Neiges de Chantelouve

Dans son habit couleur de miel, la petite Odile est un chiot délicieux, adorable, tendre et  incroyablement "fondant". Aussi loin que remonte mon souvenir, Odile, dans ce duo panaché, a toujours joué le rôle de la gentille, la mignonne blondinette tandis qu'à Orwen , la brunette, était dévolue la place de la méchante, la brutale, la noiraude.... Les Vamps, quoi! Tout les sépare. Tout les réunit.

  Serrées joue contre joue, mèches brunes se mêlant aux boucles blondes, la ténébreuse Orwen, l'angélique Odile, ne font qu'un. Elles luttent, ensemble contre la maladie qui les a laissées seules survivantes. Orwen, atteinte, lutte de tout son corps pour s'en sortir. Odile, indemne, lutte de tout son  coeur pour l'en sortir. Et ensemble elles s'en sortiront. Orwen et Odile réunies ont sauvé la vie d'Orwen...
Odile et Orwen, soeurs pour le meilleur et pour le pire
  Au commencement du commencement, le lionceau Odile s'appelait Ouâra, Ouâra, la lionne, dans la bonne tradition de la maison qui nous fait choisir les noms en fonction de la littérature française (il s'agissait de rendre hommage à l'ouvrage de M. A. Demaison). Mais à l'usage ce nom nous parut bien snob pour ce petit bout de bonne femme qui tenait plus de l'agneau que du lion.

Et soudain la lumière fut: Odile lui allait comme un gant, on ne saurait dire pourquoi, c'était comme ça. D'ailleurs, n'avions nous pas déjà dérogé à la règle en nommant Orwen du nom d'une soeur de notre Socrate ? Et voilà Odile entrée dans  notre monde, Odile-la-facile, Odile-la-docile, mais parfois aussi Odile-la-débile, car Odile , la douce et irréprochable Odile, Didilou pour les intimes, sait très bien avoir ses moments de délire à l'occasion...

Terrible frayeur Les deux soeurs, tirées d'affaire, mais pas bien vieilles, jouent à "tu  m'attraperas pas" qui dégénère très vite en "je te tiens par la barbichette". Ne voilà-t-il pas que la canine toute neuve d'Odile( la vraie, la définitive!) se glisse dans un des maillons du collier d'Orwen . Odile, très mal, dans ses efforts vains  pour se dégager, entortille le collier autour du cou de sa soeur. Les deux s'affolent, la dent saigne, menace de casser,
La douceur d'Odile se lit dans son regard
Orwen s'étrangle , garrotée par le collier de plus en plus serré... Il aura fallu les calmer avant de les séparer. On s'en tire pour une belle peur. Quand on vous disait qu'elles étaient liées ces deux-là....
Odile à 3 ans
Odile est une très jolie chienne. Certes, sa couleur n'est pas admise. Mais elle n'en reste pas moins une vraie Leonberg, comme Rosine. Bien bâtie, élégante et féminine, Odile possède surtout une bien belle tête. Souvent, quand mon regard se pose sur ce visage de chien, remonte du fond des années, un souvenir vague mais tenace.  Odile me rappelle quelqu'un d'il y a très longtemps, son expression  
m'est familière. Je ne saurais dire si ce souvenir s'attache à un humain ou à un chien. Cette impression est étrange. Peut-être finalement est-ce Socrate?
Et voilà qu'Odile disparaît de nouveau. Elle file au loin, dans l'herbage encore maculé de neige fraîche ici et là. Elle file direction la ferme. Je la retrouve à l'étable, assise, en émerveillement devant cette centaine de vaches aubrac paissant tranquillement dans la tiédeur de la paille. C'est la troisième fois qu'elle revient là. Il n'y a pas à dire, Odile est fascinée par ses énormes bêtes, elle resterait devant elles des heures entières... Sans mentir ces vaches lui font un effet boeuf. C'est là, indubitablement, tout ce qu'elle retiendra de ces chouettes vacances de Noël, dans le Cantal, où nous avons réussi à être hébergés avec nos six léos. Allez-donc leur montrer des choses intéressantes... Sales mômes, va!
Odile a le blues ou bien peut-être un trop plein de bonheur difficile à assumer. Alors, elle retrouve les vieux gestes d'autrefois. Elle saisit un pan de mon pull, un morceau de manche ou de poche qui dépasse et se met à téter cette tétine improvisée. Elle tête, réminiscence de ces jours d'insouciance, où elle souriait avec confiance, en prenant le biberon. Quelques minutes ont suffi à la ressourcer. Odile est repartie, Odile s'est retrouvée...Combien de fois, papa Fantin en a-t-il fait autant!

Qui disait déjà qu'Odile était un ange? parlons-en! L'ange en question est en train de se chamailler à coup de crocs pour un trou de taupe. Elle défend sa place, car Odile est loin d'être soumise. Elle était là la première, un point c'est tout. Mais elle n'a pas froid aux yeux, Odile, car c'est quand même à son cher père qu'elle s'adresse et il ne fait pas dans la dentelle. Ils finissent par se séparer, sans se soucier ni l'un, ni l'autre de la bagarre bien plus sérieuse que leur algarade a déclenchée  entre Jourdaine, Orwen et Lucya.

Et le départ en promenade, quelle histoire! Odile ne sait dominer sa joie, elle braille, pince ce qui  passe et le plus souvent me suit en me mordillant cuisses et mollets. Ses démonstrations excessives ont toujours pour résultat quelque bagarre entre les autres, hier les trois matronnes déjà nommées, aujourd'hui les trois chippies, Uppeline, Eugénie et Ugolaine, quand Rosalinde ne s'y met pas. Mais Odile n'en a cure, elle est déjà à creuser plus loin.

Mais ce sont là de bien petits reproches, (ou bien plutôt le simple constat que notre Odile a du caractère),  par rapport à l'immensité de la gentillesse de cette incroyable rayon de miel, gentillesse héritée de papi Gavroche qu'elle adorait et que nous avons retrouvée, hélas pour si peu de temps, dans sa mille-fois-soeur Rosine. Odile est gaie, toujours gaie. Elle n'oublie jamais personne dans ses invitations au jeu.

Du haut de ses dix ans, Odile contemple son domaine

 

Même quand le très vieux Fantin ne pouvait plus se lever , elle lui proposait des distractions à sa hauteur, car Odile sait s'adapter. Elle sait épouser avec une sensibilité à fleur de peau les moindres de nos émotions, chagrins ou joies. Odile est celle qui console , celle qui panse les plaies. Depuis toujours Odile est comme ça. Odile, bon petit Samarithain, dévouée à tous avec une égalité d'humeur incomparable, puisses-tu rester encore bien longtemps parmi nous......pour éclairer nos peines de tes rayons de soleil aussi lumineux que l'est ta fourrure. Tu es un coeur qui prend une part immense de mon coeur ! Le temps qui n'épargne rien ne t'a pas épargnée Odile et te voilà vieillissante doucement près de ta soeur, moins alerte que jadis mais encore si vaillante, petit rayon de soleil, qui jamais ne faiblis. Et pourtant ce petit rayon de soleil si chaud à mon coeur est aussi bien fragile. Reste près de nous longtemps, longtemps encore Odile. Nous avons besoin de toi.

Aussi longtemps, tu as tenu, aussi longtemps que tu as pu, aussi longtemps que ton coeur a bien voulu, aussi longtemps que ton immense force de vie te l'a permis...13 ans
Ce treizième anniversaire, tant désiré, tant espéré, tant attendu et tant redouté car il t'éloignait de nous, tu l'as atteint, puisant dans toutes tes dernières forces...

Puis, cette promesse tenue, ta mission accomplie, après une vie d'amour, sans une ombre, sans qu'on n'ait jamais à te faire aucun reproche, avec cette seule immense douleur de ton départ, tu es partie très vite,trop vite, et pourtant pas encore assez sereinement...rejoindre ta soeur décédée un an avant


.Janvier vous avait vu naître toutes deux et Février vous aura reprises ensemble toutes deux...

Et ni pour toi, ni pour elle, je n'ai pu avoir cette ultime étreinte, ce dernier regard,qui me manquent tant...Mon grand et unique regret!

Vous étiez mes premiers bébés léos, les deux soeurs, la blonde et la brune, le soleil et la nuit, liées dans un même destin et inséparables à jamais...

Ce bonheur que tu nous offert avec toute ta générosité pendant ces treize belles années restera pour toujours gravé au plus profond de mon coeur.

Merci mille fois à toi, mon petit rayon de miel.. Repose en paix.

A Odile née le 12 Janvier 1998 et décédée le 5 Février 2011

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Rien jamais n'aura réussi à vous séparer ni dans la Vie ni dans la Mort,

mes deux filles que j'ai tant aimées.

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