Eponine-Prairial des Neiges de Chantelouve


J'ai bien tardé à la réécrire et la finir cette page et
aujourd'hui, ce portrait de toi,
ma très belle, ma toute douce, mon ange, ce portrait qui devait être l'apologie de ta beauté, de ta jeunesse, de ton excellence ne sera plus désormais qu'un hommage pétri de mille regrets à ces trop brèves années passées à tes côtés, un adieu douloureux à ces longues années d'espoir et de bonheur que maman Ugolaine nous avait promises
en te mettant au monde ...

Poppie, notre petit coquelicot

Qui aurait pu nous dire devant ton immense vitalité, ô mon beau bébé coquelicot que ton destin traqique t'attendait, nous attendait , au détour de ce mois de novembre sinistre où nos jours ont basculé soudainement de la vie qui devait pousser en toi à la mort monstrueuse qui y avait pris place?
Aujourd'hui, à l'heure où j'écris enfin ces lignes, tu es près de moi non en maman attentive comme nous l'espérions mais dans une urne qui contient le tout petit peu symbolique qu'il reste de toi..

Tu avais tout juste trois ans.
J'ai l'impression de vivre un cauchemar dont j'espère me réveiller mais hélas....

Rappelle-toi!

Il était si beau ce mois de juin lumineux qui t'a vue naître, elles étaient si resplendissantes ces semaines ensoleillées qui t'ont vue grandir, ils étaient si tendres ces jours de bonheur où tu t'emparais de mon coeur..

J'avais alors écrit ces mots...

Tout commence comme une chanson de poète "le myosotis et puis la rose...mais pour aimer les coquelicots" et s'égrène en un doux refrain,"Gentil coquelicot, gentil coquelicot nouveau". entre le tendre myosotis, le gentil Eyemric et la petite soeur Rose, qui ne vécut que si peu, croît notre Coquelicot l'air de rien et très vite s'impose, fleur flamboyante et sobre au beau milieu de la blondeur des blés, l'épi doré de sa robe emprunté à maman Ugolaine, où fleurit un coeur vibrant des pétales de l'amour et de la gentillesse.

Tout un refrain pour chanter la tendresse et la solidité de ce bébé coquelicot
qui dans le sillage de sa dicrétion et de sa force s'appellera pour toujours Eponine

Une petite bonne femme, si discrète, si posée et pourtant déjà si présente, ton joli minois dans un écrin de satin rouge qui t'a valu ce nom de bébé coquelicot... tu étais mon coquelicot, éclatante dans le mordoré couleur blé de ta robe, frèle et solide à la fois...

Tu étais de ces fleurs qui poussent sans avoir besoin d'artifices, de brillants ou de mille couleurs chatoyantes pour qu'on ne les oublie jamais, ta simplicité seule suffisait à ta beauté...

Eponine-Prairial, Leonberg des Neiges de Chantelouve

Longtemps, pendant ces premières semaines, mon coeur a battu entre toi, gentil coquelicot et ta petite soeur anis, la tendre Emeline . Puis finalement, il s'est décidé pour toi laissant Emeline partir, partir elle aussi vers un destin tragique...

Quel regret, maintenant de ne vous avoir gardées toutes les deux...

Eponine-Prairial, Leonberg des Neiges de Chantelouve

Comme j'aimerais qu'ils reviennent ces matins radieux d'automne où tu apprenais, pas à pas, gambade après gambade, la vie, avec tes deux complices Etienne et Etiennette.
... Encore et encore...

Comme j'aimerais encore sentir ta tête sur mon épaule, la chaleur de ton souffle sur ma joue, le velours de ton museau sous mes lèvres, noyer mon regard dans le tien et me perdre dans l'éclat de tes yeux magnifiques

... Encore et encore...

Eponine, belle parmi, les belles, humble parmi les humbles, rayonnante parmi les rayons du soleil; Comment pouvait on ne pas la voir, ne pas la remarquer, elle qui cherchait si peu à se faire remarquer?

Elle grandit sans histoire entre Etiennette, la rescapée, et Etienne qui s'impose en petit chef,
Elle les aime Eponine ce frère et cette soeur qui ne sont que des cousins et semble s'effacer devant la puissance de leur caractère..

Eponine-Prairial, Leonberg des Neiges de Chantelouve

Et pourtant, au fur et à mesure des mois qui passent, se révèle l'incroyable force de son tempérament. Non Eponine n'est pas une faible, loin s'en faut, elle a du répondant et ne s'en laisse pas conter. Mais avec elle tout se fait sans éclat sans éclaboussure, comme ça tranquillement mais sûrement

Eponine-Prairial, Leonberg des Neiges de Chantelouve

Et en plus, elle est belle notre Eponine. C'est une créature saine sortie directement de la nature, sur une constitution d'airain, des membres solidement plantés, une croupe de percheron... Mais au delà de cette stature de robuste gaillarde, rien dans la beauté de sa tête, la profondeur de son regard de jais, l'élégance de son expression ne renie l'héritage de sa mère, même si la tête est un peu plus carrée, taillée plus sommairement, moins délicatement, à l'image de son caractère sensible mais plus assuré que maman Ugolaine, l'émotive. Une chienne déroutante!

Déroutante elle l'est en effet. Eponine vit sa vie parmi les autres avec une place jamais remise en cause, mais en même temps jamais prête au conflit. les jours, les mois passent sans ombre, sans nuage, la vie coule pour elle comme pour nous, comme ce long fleuve tranquille dont parle la littérature

Eponine pour toujours, Poppie à jamais, un nom qui ne retentit plus que dans notre souvenir, mais si fort, si présent encore....

Tu entendais lesdeux noms quand tu daignais répondre du fond de l'aventure de neige ou de soleil où vous vous entraîniez tous trois, alliée de l'une contre l'un, alliée de l'autre contre l'une. J'entends toujours l'éclat de vos voix joyeuses, de ta voix heureuse derrière le lourd rideau de silence qui désormais nous étreint.

Puis voilà venu le temps de nouvelles aventures, aventures du dehors avec d'autres amis dans d'autres paysages mais toujours, toi et moi, moi et toi..

Une escapade à Niort avec Adèle H, le temps de briller dans ta première exposition, une gloire qui t'échappe tant est plus passionnante la découverte de toutes ces nouveautés, des soirées entre amis, le privilège d'être l'heureuse élue. Et c'était bien là le plus important!

Il en viendra d'autres avec d'autres compagnons, Etienne, Robin aussi, ta mère Ugolaine et tes tantes, dans d'autres horizons. Tu aimais le voyage, tu aimais l'imprévu, toi qui étais la force tranquille, tu aimais surtout être heureuse tout près de moi,mon bébé coquelicot...

Il serait bien vain de rappeler ici à quel point ta réussite fut grande, ce n'est pas ce qui, bien que je sois aussi très fière de toi, m'importe. Je l'eusse préférée médiocre si en échange je pouvais aujourd'hui te serrer encore contre mon coeur...

Et de toutes ces manifestations qui n'ont de cynophilie que le nom, il restera de celui qui fut le seul de tes échecs notre plus merveilleux souvenir, le tien , le mien celui de Carmen.... En ce mois de juillet chaud, chaud, chaud, nous voilà toutes trois en route pour le Championnat de France à Villepinte, un événement de portée internationale puisqu'il était aussi le Championnat du monde... Après une nuit d'hôtel agitée, comme il se doit toujours avec Mimissicu, je vous devais à toutes deux une petite promenade hygiénique et décontractante avant la prestation, promenade en liberté dans de beaux champs de blé qui s'étendaient à perte de vue... Las! De promenade il ne survécut que le mot. Mes yeux vous revoient encore toutes deux, épaule contre épaule, vous regardant hilares de vos projets, décoller à mes pieds, vous envoler au sommet d'une butte et vous évanouir à l'horizon.. Puis plus rien, le silence, le vide....l'angoisse qui, très vite, évolue en épouvante. Pendant près d'une heure, en voiture, j'ai recherché vos traces sur plus de six kilomètres; D'allers en retours, mon espoir de jamais vous retrouver, mes deux commères, allait s'amenuisant jusqu'à n'être plus qu'une ombre. Déjà mon coeur ne vous imaginait plus qu'à l'état de souvenir auquel s'ajoutait la terrifiante ignorance de votre devenir. C'est une chance fabuleuse qui m'a valu de vous retrouver au milieu d'un attroupement de chiens et d'êtres humains, toutes deux saines et sauves, rayonnantes encore du plaisir des grands espaces et parfaitement inconscientes du danger que vous aviez couru...

C'est donc tout empreintes des rumeurs de la fête que vous veniez de vivre que vous êtes entrées sur le ring en concurrence avec des chiennes bien toilettées, assagies, concentrées.

Eponine-Prairial, Leonberg des Neiges de Chantelouve

Le juge, bien évidemment, vous a fait chèrement payer votre oeil pétillant de malice, vos jappements de joie, vos fouets fiers de vos exploits, vos fourrures échevelées et vos allures de rebelles qu'il a trouvé totalement inconvenants, et que je vous ai laissé, moi, garder pour prolonger notre bonheur, marquer notre différence et, aussi, et surtout, tout simplement parce que j'étais incroyablement fière de vous deux, de cette manière dont vous m'avez rappelé, au milieu de ce défilé de mannequins, ce que doit être un chien, un vrai....
S'il savait ce juge , peut-être me lira -t-il un jour mais j'en doute, s'ils savaient tous, à quel point ce jour est un des plus beaux que nous ayons vécus ensemble, le bonheur immense de cette liberté absolue que vous vous êtes offerte, de cette complicité intense qui a été la vôtre, de ma peur dont l'immensité n'a d'égale que celle du bonheur que j'ai eu à vous retrouver... Les images de cette fugue et surtout, ma Poppie, ma Mimissicu, de vos deux visages tournés l'un vers l'autre, la gueule fendue jusqu'aux oreilles dans un sourire de connivence et l'oeil illuminé par avance de cette très grosse bétise que vous alliez commettre jusqu'au moment ultime où vos silhouettes complices ont disparu de ma vue, ces images sont à jamais gravées dans ma mémoire, si fort, si fort que je peux quand je veux m'en repasser le film, ce film de la Vie, le film de notre Vie, le film de ta Vie mon doux bébé Coquelicot, ce film qui te fait vivre et vivre encore et encore au fond de moi.
Merci pour ce merveilleux moment qui n'appartiendra jamais qu'à nous trois et ne pourra jamais nous être enlevé quoi qu'il arrive.

C'est enfin l'été, le vrai, et pour apprendre à nager à Eponine qui ne sait pas, nous remettrons à plus tard son union prévue avec Antonin, une union dont nous rêvions de garder un petit gars, ton fils... Comme nous aurions mieux fait alors de ne pas repousser à plus tard ce beau projet, car ce mois de juillet ensoleillé qui voit la naissance des petits Fructidor d'Amélie, sera le dernier de notre gentil Antonin. Foudroyé par un cancer viscéral il nous quitte en août et nous n'aurons jamais de bébé tant désiré de Tonin et Poppie..

La mort d'Antonin a tout bouleversé, nos coeurs, notre vie, nos espoirs, nos projets...Mais la Vie est là qui doit reprendre le dessus et Etienne qui se doit de pépertuer la mémoire de son père s'engage avec brio dans le travail à l'eau. Eponine nous accompagne Si c'est un bonheur pour elle cette sortie, il n'en va pas de même pour la baignade... Elle y met du sien pourtant Poppie, mais décidément l'eau ça ne la branche pas, elle n'a hérité en ce domaine, ni de maman Ugolaine ni de papa Atka....Immergée dans le liquide jusqu'à mi-ventre, elle redoute de perdre pied et malgré tous nos efforts n'arrivera jamais à nager, ses postérieurs s'y refusent désespérément malgré toute sa bonne volonté. Mieux vaut ne pas insister.
D'ailleurs les mauvais jours arrivent qui nous envoient vers d'autres occcupations

 

 

Entre deux voyages pour les expositions, les balades, et les chamailleries avec Etiennette et Etienne, Eponine s'adonne à une de ses activités préférées, le yoga sur canapé...

A la sortie de l'hiver, son dernier hiver mais nous ne le savons pas encore, Eponine, toujours en binôme avec Etienne son compagnon favori ira au Salon de l'agriculture montrer au public ce qu'est un beau Leonberg, .

Eponine-Prairial, Leonberg des Neiges de Chantelouve
  Car Eponine est une très belle chienne leo, elle est grande solide, osseuse, campée sur des aplombs excellents. Sa robe est longue et soyeuse et, plus que tout chez elle, c'est sa tête que l'on admire, une vraie belle tête de leonberg tout à la fois puissante et douce sous son masque d'un noir profond. Le regard de Poppie tout particulièrement vous va au fond du coeur, il est l'expression exacte de ce qui est attendu dans la race; Eponine marche dans les traces de nos champions et son avenir dans ce domaine est réellement très prometteur.
Eponine-Prairial, Leonberg des Neiges de Chantelouve C'est tout justement pour assurer le titre auquel elle est promise et réaliser un beau rêve que nous nous embarquons pour l'odyssée de l'année, avec Amélie et un ami léo vers la peninsule des Balkans. Superbes paysages, superbes instants d'un voyage merveilleux tant pour nous que pour nos chiens.
Si les résultats sont à la hauteur de notre attente, bien davantage encore l'est le bonheur qui illumine le joli visage d'Eponine. Que de découvertes!

 

La mer Adriatique où Amélie nage comme une sirène, les errances contemplatives sous de splendides soleils couchants, les rencontres avec des tas d'autres chiens, l'amitié qui se bâtit très vite entre Eponine, Amélie et le compagnon-léo du voyage, un bonheur familial à ne partager qu'à trois, ces soirées idylliques et ces nuits de rêves au plus près de celle que l'on a, cette fois, pour soi toute seule, puis les neiges de la montagne, les fumets des troupeaux dans les alpages et ces mille autres odeurs indéfinissables dont on s'ennivre dans les hauts sommets... et dont je regrette de ne pas vous avoir toutes deux fait davantage profiter.

Voyage inoubliable, souvenir d'excellence, s'il en fût, avec Toi mon Eponine, ces echos de Toi si radieuse, si heureuse retentissent pour toujours au fond de mon, coeur.

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Puis le temps impitoyable, celui qui nous broie tous dans ses rouages, passe très vite, passe trop vite.

L'automne pointe déjà le bout de son nez et ces derniers beaux jours sont aussi tes derniers... Comment aurions nous pu le savoir. rien, jamais rien n'est apparu du mal qui te rongeait sournoisement.

Eponine-Prairial, Leonberg des Neiges de Chantelouve

Encore un très beau moment à s'aimer, toi et moi, moi et toi, seules, parties dans la douceur de ce début d'octobre à la rencontre de ton amoureux.
Nous les avons goûtés si fort toutes deux ces ultimes beaux jours que nous n'avons dû partager avec personne et qui t'ont apporté tant de bonheur, ton dernier bonheur.....

Comme il est doux alors à caresser ton petit ventre tiède où doivent pousser des petits léos à ton image qui écloront pour la Noël.

Hélas!
C'est tout autre chose qui pousse dans ton ventre et tu ne reverras plus jamais Noël.
Cette chose monstrueuse porte la mort là où devait venir la Vie, elle pousse dans ton corps très vite.

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Novembre s'ouvre sur la terrible nouvelle.
Trois ans, tu n'as que trois ans comment peut-on accepter, comment peut-on supporter que ta Vie s'arrête là?

Dix huit jours de descente aux enfers, pas à pas, où chaque matin qui se lève nous rapproche de ton départ...
La déchéance puis la souffrance te dévorent et le 20 Novembre 2012 notre amour pour toi t'offre la délivrance ultime, ce dernier terrible cadeau que nous te devons...

Eponine-Prairial, Leonberg des Neiges de Chantelouve

Eponine-Prairial, Leonberg des Neiges de Chantelouve


Adieu Poppie,
mon gentil coquelicot
mon bébé d'amour

J'ai si mal

que les mots ne me viennent plus.

Tu me manques tant et tant et tant.
O comme tu me manques!


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